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AC Cobra, histoire d’une auto de collection qui fait tourner les têtes

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Histoires de marques et modèles

Le 25 janv. 2022

Photo AC Cobra

Beaucoup ont essayé de s’approcher de sa personnalité et d’autres l’ont simplement copiée. Elle est née d’un génial bricolage sorti de la tête d’un vainqueur des 24h du Mans. En 2022, elle célèbre son 60e anniversaire. Cette auto, c’est la mythique AC Cobra. Et parce qu’on l’aime au point d’avoir intégré sa ligne au logo de notre site de vente aux enchères de véhicules exclusifs, on vous raconte son histoire. On vous parle aussi de ses répliques et continuations puisque ce sont des modèles que vous trouverez régulièrement parmi les voitures de collection à vendre sur Load and Pay.

Shelby avant la Cobra

Impossible d’évoquer la Cobra sans commencer par parler de Caroll Shelby qui nous a quitté il y a presque 10 ans. Il naît au Texas en 1923 et attrape le virus de la course automobile par son père. Après un service militaire en tant que pilote d’avion, il est démobilisé et va tenter sa chance dans le transport routier, l’exploitation pétrolière puis l’élevage de poulets. Sans aucune réussite dans ces activités, il plaque tout pour se concentrer sur ce qui n’était initialement qu’une passion : la course automobile.

À presque 30 ans, il débute sur Allard Cadillac puis sur des montures plus réputées, Ferrari, Maserati et Aston Martin. Il se présente au Mans pour la première fois en 1954, avec Paul Frère, sur une Aston Martin DB3S. Il ne voit pas l’arrivée. Quatre ans plus tard, son coup de volant est suffisamment reconnu pour qu’il fasse ses débuts en Formule 1, mais l’aventure Aston Martin n’est pas vraiment une réussite dans la discipline. C’est pourtant avec le constructeur de Newport Pagnell qu’il va réaliser son plus beau coup d’éclat en remportant les 24h du Mans 1959, accompagné de Roy Salvadori sur la sublime Aston Martin DBR1.

Il fait ensuite son retour aux USA et court pour son ami Lance Reventlow sur une Scarab. Malheureusement, à seulement 37 ans, il doit mettre un terme à sa carrière en raison de problèmes cardiaques. Mais il n’en a pas fini avec la course !

Un objectif : battre Ferrari

Caroll Shelby se recentre alors sur un autre défi : battre Ferrari dans les courses de GT avec sa propre voiture, tout en ne dépensant qu’une infime partie du prix d’une 250 GT. Ce défi, il l’a d’ailleurs déjà en tête avant même la fin de sa carrière. Et on va voir qu’impossible n’est pas texan ! Surtout quand on sait que les Etats-Unis sont à cette période, et de loin, la première puissance mondiale économique et automobile…

En effet, dès 1959, alors qu’il court encore, c’est vers Chevrolet que se tourne Caroll Shelby. Il s’associe avec Gary Laughlin, revendeur de la marque au Texas, et obtient du constructeur de Détroit trois Corvette. Pour disposer d’une carrosserie légère, rien de mieux que de faire appel au même sous-traitant que Ferrari ! Les trois châssis sont envoyés à… Maranello, chez Scaglietti, dont les ateliers sont situés juste en face de ceux du cheval cabré. Les autos sont revêtues d’une carrosserie en aluminium, à la fois légère et plus rigide que celle d’origine, en fibre de verre. Le rendu ressemble étrangement à une Ferrari 250, mais c’est bien un gros V8 de Détroit qu’on retrouve sous le capot. Le résultat est suffisamment convaincant pour que Shelby et Laughlin demandent plus d'autos à Chevrolet. Cependant, le constructeur refuse, craignant que cette nouvelle voiture ne nuise à la Corvette originelle. Retour à la case départ donc… Shelby remporte le Mans et, pendant la course, les performances des AC Ace lui sautent aux yeux.

L’AC Ace est belle mais, surtout, c'est une auto performante malgré son petit moteur de 2 litres Bristol. Quand on sait que ce moteur est en fait le BMW des années 30 récupéré par les Anglais à titre de réparation de guerre, on ne peut qu’être impressionné.

Caroll Shelby, qui développe alors une école de pilotage et distribue les bougies Champion et les pneus Goodyear, contacte les frères Hurlock, propriétaires de AC Cars. Il leur propose d’acheter des châssis pour y monter de gros V8 américains. Ces derniers ne peuvent refuser car ils viennent d’apprendre que Bristol arrête la production de son 6 cylindres. Le V6 Zephyr ne les satisfaisant pas plus, ils décident donc de tenter l’aventure.

En octobre 1961, le deal est conclu et Shelby installe un V8 Chevrolet dans le châssis anglais quand il découvre les caractéristiques du tout nouveau V8 260ci que Ford va introduire dans sa Fairlane. Bien plus léger et tout aussi performant, il serait mieux adapté à la future auto ! Bénéficiant de bonnes relations avec le célèbre Lee Lacocca à Détroit, il obtient la fourniture de ce moteur et peaufine sa mise au point alors que le premier châssis arrive en février 1962. 

Très vite, il s’entoure d’une belle équipe dans les locaux de son ancien directeur de course Lance Reventlow. Ray Gueddes pilote le projet et Phil Remington s’occupe de la mécanique. CSX2000, la toute première AC Cobra est dévoilée au salon de New York en avril 1962. Shelby commande 100 châssis mais il peine à les vendre. Néanmoins, l’auto est homologuée pour la compétition et, en octobre 1962, l’AC Cobra fait ses débuts en course et bat les Chevrolet Corvette. Les ventes commencent à décoller alors que ses autos arrivent peu à peu sur les circuits, accumulant les bonnes performances. Entre temps, Shelby est passé sur un moteur 289ci, qui sort 360ch dans sa version préparée pour la course. 

En 1964, pour battre les 250 GTO dans les Hunaudières, Shelby crée un Coupé : la Cobra Daytona. Elle ne sera produite qu’à 6 exemplaires, uniquement pour la course. L’année suivante, c’est l’apparition de la Mark III. Le châssis, développé avec le support de Ford, n’a plus grand-chose à voir avec celui que proposait AC à ses débuts. Plus large, plus robuste, il permet d’accueillir le fameux V8 427ci (7 litres) développant 425ch. Les versions S/C (semi-compétition) sortent, quant à elles, 485ch et approchent des 300 km/h ! Pour autant, le châssis reste également assemblé avec des moteurs 289. Ce seront les dernières AC Cobra, produites en 1969. Environ 1000 Cobra originelles ont ainsi été fabriquées… mais ce n’est pas la fin de l’aventure !

Le retour des AC Cobra

Très tôt, des fabricants de répliques se sont intéressés à l’AC Cobra. Le châssis tubulaire n’est pas si compliqué à reproduire, les V8 sont facilement disponibles et la fibre de verre permet de fabriquer des carrosseries légères à un coût raisonnable. Ils sont nombreux à se lancer mais l’un d’eux va se distinguer : Autokraft. Dès 1982, il rachète à AC Cars les outillages qui servent alors à produire des autos qui ne ressemblent plus du tout aux Cobra. Avec cela, il crée la MkIV et la fait homologuer. En 1986, il obtient l’autorisation d’appeler officiellement ses autos AC. Par la suite, plusieurs repreneurs continueront l’aventure, permettant à l’auto d’être toujours produite, parfois même avec un moteur Chevrolet comme sur les MkVI.

D’autres Cobra « officielles » sont également produites. Il s’agit des continuations fabriquées par Shelby American, les seules qui sortent actuellement avec des numéros de série de type CSX-0000.

Au-delà d’Autokraft et Shelby American, certains fabricants de répliques d’AC Cobra se sont distingués pour la qualité de leurs réalisations. On citera par exemple Shell Valley ou Superformance, dont nous apprécions particulièrement les finitions. Des modèles que l’on aime proposer en vente aux enchères de voitures de collection sportives sur Load and Pay… Quand nous en avons !

 

Credit photo : @unsplash